L'Eireibros

Le vent soufflait en cette fin de soirée. Pour Baran, c'était l'heure de fermer boutique. Les ventes avaient été impressionnantes ce jour-ci : il n'avait pas eu une minute de répit! Entre jeunes chevaliers désirant faire leurs preuves, mais n'y connaissant rien en armement, et titans essayant de l'impressionner pour qu'il baisse ses prix, il avait eu le droit à quelques elfes, mécontent de leurs arcs, et même à une ensorceleuse voulant absolument acheter une hache! Le monde devenait fou, mais au moins, ça rapportait!

D'un geste monotone, il alla ranger les armes encore invendues dans l'arrière boutique : il le savait, elles ne tarderaient pas à partir rapidement.
Ressortant du bâtiment, il s'approcha des deux linges qu'il avait tendus sur son étal, dans l'intention de montrer ses plus belles pièces. L'un d'eux commençait à glisser, poussé par le vent. Il l'attrapa rapidement de sa main droite, et entreprit de le plié. Ce n'est qu'alors qu'il s'aperçu qu'un bout de papier froissé et jaunit par le temps était coincé entre sa ceinture et son lourd tablier de cuir : une commande oublié?

D'une main, il le délogea de son antre et le déplia. Dessus, quelques mots étaient griffonnés. Dans la pénombre, il les déchiffra du mieux qu'il put :

_Ei… Eiro… Non non… Eireibros…

Il y avait aussi une adresse écrite de la même main, un peu plus bas. Le vendeur en pris connaissance. Cette adresse lui disait quelque chose, il était sûr de l'avoir déjà vue autre part. Un instant, il resta immobile, fouillant ses souvenirs, jusqu'à ce qu'enfin, ça lui revienne. Cela remontait à loin, mais à l'époque, ce n'était pas un quartier recommandable. D'ailleurs, aujourd'hui non plus…

_Il me semble que… C'est par… Ici

Tout en disant ces mots, son esprit traça une direction vers la fameuse adresse. Ce ne pouvait être une commande oubliée. Il haussa les épaules, puis ses doigts se détendirent, et le bout de papier reprit sa course, porté par le vent…



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